SORTEZ VOS TABLETTES ...

Selon une étude européenne  Ipsos-Sofinco auprès des familles, « les parents sont influencés par leurs enfants à plus de 80 pour cent, dans les domaines de la mode, des loisirs et de l'alimentaire ».
« Les enfants ont également un rôle de prescripteurs à l'égard de leurs parents particulièrement en matière de matériel micro-informatique, de console de jeux, de cédéroms ou de connexion internet ».

Malheureusement, ce rôle de prescripteur s'arrête à la frontière de la cellule familiale. La communauté éducative, elle, reste imbue de ses préceptes, de ses dogmes, indifférente aux attentes de la jeunesse.

Le multimédia, l'informatique, internet, sont si présents dans la sphère privée de l'élève, qu'une fois franchies les portes du collège ou du lycée, il va naturellement « ringardiser » et pour le moins ignorer, un système éducatif qui se moque « magistralement » des outils d'aujourd'hui.

L'aptitude supérieure de l'élève à assimiler les nouvelles technologies, l'érige dans ce domaine au rang de « surdoué »,  face à un « maître » aux compétences limitées. En classe, cet ennui va générer « refus d'autorité, agressivité, mépris, insolence et autres comportements perturbateurs » déjà identifiés.

La Direction de l'Education de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), a pris conscience de ce phénomène et a initié dès 2007 une étude sur ce qu'elle a appelé  « New Millennium Learners » (les Apprenants du Nouveau Millénaire). Son objectif étant « d'analyser cette nouvelle génération d'élèves qui ont pour langue maternelle le numérique, et de comprendre leurs attentes et leurs comportements ».

A juste titre, le ministre de l'éducation nationale a lancé en 2010, le Plan de développement des usages du numérique à l’École, dont l'objectif est de « promouvoir l'utilisation des ressources numériques pédagogiques innovantes ». 

Mais peut ont croire aux chances de succès de ce plan, lorsque des décennies durant, le  « Mammouth », son Centre National de Documentation Pédagogique (CNDP), son réseau SCEREN, et pléthore d'organismes satellites, à force de séminaires, congrès, ateliers ou autres colloques, ont trahi l'esprit « positiviste » de Jules Ferry au profit d'une idéologie normalienne figée.

Ce plan ne vaudra que s'il fait table rase des concepts rébarbatifs et infiniment coûteux imaginés ces dernières années par des technocrates sans imagination au seul service d'eux mêmes.

L'éducation nationale française gagnerait à s'inspirer de la sobriété et de l'avis éclairé du « Centre National de Documentation Pédagogique » algérien qui considère que « dans un monde où plus de la moitié de la population est intégrée à une économie globale à travers l'internet, étudiants, parents d'élèves et administrations doivent collaborer au travers de moyens et ressources totalement différents de ceux utilisés lors de l'ère pré-numérique ».

Il faut entièrement repenser les méthodes de transmission du savoir. Lorsque les bouquets TV des Fournisseurs d'Accès Internet fleurissent à foison sur leurs réseaux, comment imaginer que l'Education Nationale ne puissent pas elle même être pionnière dans la production audio visuelle éducative et nous proposer autre chose qu'un panier mercantile. (http://www.sceren.com/)

Alors que le « Cloud Computing » envahit déjà l'univers Internet, « l'intersyndicale » du Service des Technologies et des Systèmes d'Information du Ministère de l'Education Nationale, nous rappelle à la réalité des « pétitions » et des « moratoires » de l'éléphant fossile. Qu'ils se rassurent, les jeunes les laissent à leurs « ppt », « pdf » et autres points « doc ».

L'enjeu aujourd'hui est de trouver le moyen de remotiver les élèves, de s'adresser à eux avec les outils qu'ils maîtrisent. De leur proposer des contenus sérieux mais ludiques, denses mais récréatifs, magistraux mais interactifs. « C'est pourtant pas sorcier ».

Les réseaux informatiques existent cependant, qui véhiculent déjà une myriade d'applications subordonnées au bon vouloir des académies et développées au mépris d'une véritable architecture basée sur la mutualisation des moyens et ressources.

Ces applications souvent saugrenues, inesthétiques, emphatiques et en somme « académiques », ne trouvent aucun crédit auprès des élèves qui n'ont de toute évidence pas été associés à leur conception.

Si on en croit l’éducation nationale, ce sont ces « Espaces Numériques de Travail » qui auraient  « permis aux élèves de se familiariser avec les usages des technologies de l'information,  favorisé l'équipement des foyers et leur connexion à internet et contribué à la réduction de la fracture numérique ». Les parents apprécieront ... .

Il n'en reste pas moins que dans le cadre de la réforme de la seconde, les professeurs et élèves depuis la rentrée 2010, ont théoriquement « accès depuis tout ordinateur connecté à internet , aux versions numériques » des manuels scolaires.

Les éditeurs Belin, Hachette, Hatier, Magnard et Nathan proposent en effet des « versions numériques et numérisées » plutôt bien conçues des manuels scolaires d'histoire et géographie, mais à des prix prohibitifs au regard d'un marché encore trop modeste et pas du tout négocié.

Quant aux vidéos de cours magistraux, nous en trouverons par milliers sans difficultés sur internet, mais aucune enregistrée par l’éducation nationale. (1432 cours vidéo sur netprof.fr). Alors que ce dispositif très facile à mettre en oeuvre et qui nécessite aucun gros moyen, permettrait pourtant aux élèves de rattraper des cours manqués ou mal assimilés.

Il suffirait en fait de peu de moyens et de répondre efficacement et rapidement aux besoins empiriques des professeurs et des élèves, plutôt que de laisser quelques « professeurs Tournesol » discourir éternellement au « futur antérieur ».

Dans son plan, le ministre aurait du avoir le courage d'envisager la dotation massive des élèves en « cartables numériques ». Ces appareils électroniques sont indispensables à la diffusion des ressources numériques. Leur dotation passe avant même les contenus, tant elle contribuerait à en accélérer le développement et non l'inverse.

Pour le Plan de développement des usages du numérique à l’École de Luc Chatel, il est prévu un budget global de 60 millions d'euros. Un quart à peine de ce budget aurait permis d'acquérir pour la rentrée 2011, quelques 200 000 cartables numériques.

En effet, il se trouve que la France, avec la société Archos détient un leader ship dans le marché des tablettes numériques. Les tablettes Archos déjà vendues à plus d'un million d'exemplaires sont les moins chères du marché. Le modèle 8 pouces est actuellement autour des 130 euros.

C'est une des plus légères et des plus fines, elle a une capacité de stockage énorme et c'est la seule au monde capable de lire tous les formats de fichiers audio et vidéo. Elle est considérée comme étant l'une des « plus agréables à utiliser » en connexion WiFi..

Nul doute que son usage en serait immédiatement plébiscité et tout autant maîtrisé par des élèves qui disposeraient enfin au lycée et chez eux d'un cartable électronique qui leur ressemble.

Le gouvernement détient là une occasion historique de booster un marché porteur dans un secteur que la France maîtrise, tout en donnant LE coup de pouce décisif au déploiement du numérique au lycée.

Ces tablettes bridées (hors réseaux sociaux, téléchargements, ...), pourraient être proposées débridées aux élèves avec option d'achat bien sûr. Un dispositif gagnant gagnant pour l'éducation nationale et ses élèves.

Dans ce contexte, le coût d'une tablette 10 pouces pourrait être négocié autour des 100 euros. Déduction faîte des options d'achat estimées à 75 pour cent du marché (étude Ipsos-Sofinco), cela représenterait un budget de 5 à 10 millions d'euros pour l'état ou les collectivités locales, pour équiper 200 000 lycéens la première année.

Les élèves qui souhaiteraient s'équiper d'eux mêmes de tablettes d'autres marques (Ipad, Samsung, Toshiba...), pourraient bénéficier d'exonération de TVA ou autre avantage fiscal. Mais dans tous les cas, les familles aux revenus les plus modestes auraient l'assurance d'avoir gratuitement pour leurs enfants une tablette disposant des mêmes outils interactifs. Rappelons que le premier ministre François Fillon a par ailleurs demandé aux fournisseurs d'accès internet, de mettre en place une « offre sociale spécifique » pour ces mêmes foyers.

Orange commercialise une tablette numérique Tabbee et Tabbee S respectivement à 149 et 200 euros.

L'organisation internationale « OLPC » One Laptop per Child, (un ordinateur portable par enfant) et le « MIT » Massachusetts Institute of Technology ont bien compris l'enjeu, précisant que les tablettes numériques représentaient désormais « l'avenir »..

L'Inde, en la personne de son ministre Indien des technologies a pour projet d'équiper 110 millions d'enfants, d'une tablette numérique, (« un vrai bijou d'ingéniosité discount ») qui leur reviendrait à moins 35 dollars.

La France est elle capable de relever le même défi, ou sommes nous condamnés à éternellement sacrifier nos enfants sur l'autel des corporatismes.

Selon les conclusions d'une étude du cabinet McKinsey soumise à Eric Besson, Ministre de l'Economie Numérique, la France est en 17eme position des pays de l'OCDE en terme de connectivité à Internet. Cela est principalement dû à un professorat imbu des préceptes à l'ancienne et qui associe l'usage d'Internet à un fléau au lieu d'en promouvoir l'utilisation.